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28 juillet 2011 4 28 /07 /juillet /2011 17:57

Arbre-et-chemin.jpg

Il nous est arrivé il y a quelques temps une expérience intéressante avec Nathalie. Par une belle fin d’après midi, nous partons  marcher dans les bois et chemins derrière chez nous afin de nous sortir de l’ambiance des ordinateurs. Dehors, le printemps est enfin là. Il fait bon, le ciel est clément et la végétation depuis longtemps sortie de sa torpeur hivernale. Nous vivons au milieu de la nature aussi est-il dommage de ne pas en profiter le plus souvent possible. Nous marchons ainsi depuis quinze ou vingt minutes lorsque je m’arrête subitement prenant conscience du paradoxe de notre attitude. Certes, nous marchons en silence depuis le début de notre promenade afin de respecter l’autre. Seulement, je me rends compte tout à coup que cette marche silencieuse n’est en rien méditative. Notre pas est rapide et nos cerveaux actifs. J’ai beau m’évertuer à refouler des pensées concernant le travail, d’autres arrivent aussitôt. Et surtout, surtout, Nathalie me confirme qu’il en est ainsi pour elle aussi. Nous ne sommes absolument pas mentalement là où nous sommes physiquement.

 

Le propre d’une promenade (à moins d’un entraînement physique ou tout autre but recherché) est de prendre son temps et d’apprécier. Apprécier le moment, savourer du regard, de l’odorat, peut-être pas goûter (quoique) mais au moins laisser parfois une main traîner sur une feuille, une pierre, une écorce. Peut-être parler mais juste pour dire son amour et remercier la Terre mère d’être encore présente. Et là, depuis un quart d’heure, nous nous évertuons Nathalie et moi à faire tout l’inverse. Nous avons endossé en même temps que notre manteau, nos réflexions, nos soucis, marchant d’un pas alerte puisque nous connaissons bien ce chemin et surtout sans prendre garde à tout ce qui nous entoure. Alors STOP !

 

Nous nous plaignons de l’accélération du temps mais nous en sommes ses premiers artisans. Nous voulons tout toujours plus vite, notre impatience n’a d’égale que notre boulimie à posséder, à acheter. Il faut reconnaître à notre décharge, qu’à moins de vivre ermite dans une caverne ou un désert sans aucun lien avec le monde actuel, nous sommes sollicités jour… et nuit. Tous nos appareils soit disant de communication ne nous laissent pas le moindre répit. Alors pour avoir le temps de tout voir, tout entendre, tout acheter, nous courrons, nous gagnons du temps et nous oublions qu’il n’y a pas si longtemps, nos grands parents pour certains d’entre nous, passaient la journée pour aller au village voisin. D’autres mœurs, d’autres temps, d’autres impératifs, il est vrai. Il faut vivre avec son époque. Mais celle de la vitesse, est-elle notre temps ? Je veux dire, celui qui nous convient le mieux, à notre équilibre, notre santé, notre famille, notre environnement ? J’ai la chance de ne plus connaître « les heures de pointe » le métro, le train, la voiture pour aller travailler mais je me souviens. Plus jeune, je courrais sportivement mais bien plus souvent encore pour gagner cinq minutes dans les tunnels du métro, et si ces cinq minutes n’étaient pas nécessaires ou suffisantes pour me faire gagner du temps, je marchais vite quand même. Bien sûr, tout le monde marche vite dans le métro, une véritable autoroute piétonne. Donc si nous rompons la cadence, si nous marchons moins vite, nous sommes aussitôt bousculés, piétinés par nos « co-arpenteurs de tunnels » ? Je ne pense pas, alors pourquoi ? Petite anecdote, véridique bien sûr. Un soir que j’étais sur un quai de la gare de l’est pour rentrer chez moi, une sonnerie retentit avertissant l’imminence du départ. Des voyageurs se mettent à courir et finalement, dans la crainte de rater mon train, moi aussi. Nous courrons tous sachant par expérience qu’il nous restait en gros une petite minute pour gravir les marches des wagons. Ouf ! Les portes se ferment, le train s’ébranle, je l’ai eu. Sauf… Sauf que je n’étais pas monté dans le bon train. Le mien qui ne partait que deux ou trois minutes plus tard, je m’en étais d’ailleurs fait la réflexion, était sur le quai d’en face. Coût de l’opération : une heure de retard car bien entendu, ce train ne s’arrêtait pas avant longtemps et ne roulait pas sur ma ligne. Un véritable mouton, je le reconnais honnêtement car j’ai été le premier à rire de cette mésaventure. Nous courrons parce que notre environnement nous pousse à courir mais la Vie ne nous oblige pas à agir sans réfléchir.

 

Lorsque j’étais encore adolescent, un membre de notre famille qui vivait dans un tout petit village des Ardennes venait parfois en train et métro nous rendre visite en région parisienne. Je me souviens encore de sa (très grande) incompréhension vis-à-vis de la course effrénée et générale qu’il observait traditionnellement dans les transports parisiens. Et moi de lui répondre que c’était tout à fait normal de vouloir aller aussi vite. Je l’imagine aujourd’hui tendrement, dépassant un peu tout le monde par sa taille, casquette rivée sur la tête légèrement en arrière, mégot aux lèvres, costume du dimanche et valise (en carton) à la main. Ce n’est pas une blague, juste une autre époque.  En même temps, je l’imagine comme un point de repère que l’on prend dans la foule. Cette masse grouillante de voyageurs s’ouvre pour le dépasser et se referme aussitôt devant lui comme s’il n’existait pas. Et pourtant, je ne vois que Lui. Un peu comme un relief dans une rivière, un incident dans une vie. Infime vis-à-vis de tout ce qui l’entoure et qui pourtant, crée un impact, des turbulences dans le long fleuve pas tranquille de la vie. Nous n’avons pas l’impression qu’il se déplace par sa fausse lenteur et pourtant il avance, serein, étonné mais calme. Certains maugréent de se heurter à lui, de perdre leur cadence, mais lui n’entend pas ou ne prête pas attention. Trop attentif à surveiller les panneaux d’indication pour ne pas se perdre, il laisse volontiers les autres s’agiter dans le vide pour suivre sa route. Et sans avoir l’air, il avance d’un pas lent mais sûr. Et même s’il ne comprend pas, il observe, s’en amuse et arrive à bon port en temps et en heure !

 

A l’instant où j’écris ces lignes, j’imagine une autre scène, actuelle cette fois-ci. Une femme ou un homme prend soudainement conscience de la futilité à aller vite. Elle ou il se prend à ralentir la cadence de ses pas pour regarder des personnes assises, des affiches, écouter un musicien plus longtemps, garder sa mélodie à l’esprit. Peut-être même que cette personne esquisse un sourire, à quelqu’un qui en a besoin, et qui n’en a pas besoin ? Et puis, soyons fous, ce sourire lui est rendu et voilà deux âmes en joie, illuminées pour quelques minutes ou la journée. Alors, elle continue et peut-être l’autre aussi. D’autres personnes ralentissent, par obligation au début, parce qu’elles n’ont pas le passage nécessaire pour doubler. Finalement, elles peuvent souffler, elles aussi redressent la tête, regardent autour d’elles et puis, c’est la cascade, l’enchainement, c’est le serpent humain lui-même qui ralentit à travers les kilomètres du métro. Cela se propage aux avenues, aux boulevards, aux voitures. Et finalement, tout devient plus lent mais plus fluide, plus humain, dans les têtes, dans les rues. Et tout à coup, un miracle se produit, quelqu’un prend conscience que la vraie vie n’est pas de courir, le regard posé sur ses pieds ou loin devant soit pour ne voir personne mais bien en nous et autour de nous. Et que nous ne pouvons réaliser cela, aimer les autres, s’aimer soi-même qu’en prenant le Temps.

 

Revenons à notre promenade avec Nathalie, là où tout a commencé (je parle de ma réflexion…). Une idée s’impose bel et bien à nos esprits. Il faut continuer à marcher certes en silence mais sans s’ouvrir aux réflexions parasites. Facile à dire… et facile à faire. Nous nous remettons à marcher. Mais cette fois, nous ouvrons les yeux, nos narines, nos oreilles, notre cœur. Nous imaginons qu’à chaque pas, nos racines s’enfoncent dans la terre pour partager notre énergie avec la sienne. Nous sentons notre plante des pieds s’enrouler sur le sol, nous sentons les petits reliefs, les petits cailloux sous nos semelles. La jeune végétation nous envoie ses effluves parce que nous avons décidé de les ressentir. Nous entendons les oiseaux parce que nous prenons le temps de les chercher, de les écouter. Et puis lorsque nous regardons les grands arbres qui bordent le chemin, nous imaginons au départ leur énergie se diriger vers nous, nous envelopper et à l’arrivée, c’est un savoureux mélange d’énergies partagées qui repart vers eux. Nous sourions à la caresse d’un petit vent sur nos joues parce que nous ne sommes pas obnubilés par le prochain coup de téléphone à passer. Nous marchons lentement, l’esprit « occupé » à observer et vivre réellement l’instant présent. Nous faisons partie de la nature, nous ne sommes pas là en tant que touriste ou marcheur (ce n’est pas péjoratif) mais en tant qu’être vivant. Si vous aviez vu nos yeux et notre énergie débordante en revenant à la maison…

 

Juste une remarque sur mon « doux rêve » concernant les transports parisiens (ou autres) ou tout autre symbole propre à l’accélération du temps. Les temps changent, les têtes se relèvent, les yeux s’écarquillent et les cœurs s’ouvrent. Ce n’est qu’une question de temps… Et puis, il ne tient qu’à nous de faire l’expérience… Et vous qui me lisez, si vous allez jusque là, oserai-je vous dire de prendre le temps de nous fait part de vos ressentis et de vos observations ?

 

Jean

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commentaires

A
<br /> Encore une fois, tu viens m'interpeller par des subtiles et combien importantes réflexions. Interpellations valables pour tous et dans tous les domaines. Je me suis surprise ce matin,en faisant du<br /> repassage à analyser quels changements je pouvais apporter dans cet acte. J'ai été étonnée et contente du résultat, meme si des moments d'évasion vers l'ancien fonctionnement faisaient souvent<br /> irruption. Merçi pour tous tes cadeaux. J'attends le prochain avec impatience<br /> <br /> <br />
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J
<br /> A l'issu de cette réflexion j'ai décidé de sortir du courent et d'employer ma vie autrement. Dans le même temps une amie que je n'avai pas vue depuis plusieurs années m'a proposée de venir un week<br /> end dans la Loire pour prendre mon temps. La vie est bien faite, je rejoint vos pensés sur le hasard, je ne suis pas sur qu'il y en est vraiment. J'accepte donc sont invitation et me retrouve dans<br /> une exposition ou les arts se croisent sur les berges de la Loire. Je vous invite à prendre le temps de regarder leur site et qui sait peut être aurons nous l'occasion de vous voir prendre le temps<br /> à la prochaine session ;) : http://www.letempsduneexpo.fr/<br /> <br /> Bonne vibration à vous.<br /> <br /> JBM<br /> <br /> <br />
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J
<br /> <br /> Bonjour Jérémy. Merci pour votre témoignage et surtout votre action. Il faut plus de courage qu'on ne pense pour s'arrêter<br /> ou ralentir ne serait-ce que quelques instants. Et que dire d'un changement de cap comme celui dont vous parlez? Mais à moyen terme, la vie est toujours plus facile en décidant plutôt qu'en<br /> subissant.<br /> <br /> <br /> Effectivement, cette exposition est à l'heure pour illustrer notre propos et étant peintre moi-même, je me sens doublement<br /> concerné.<br /> <br /> <br /> Merci et à bientôt.<br /> <br /> <br /> Jean<br /> <br /> <br /> <br />

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  • Géobiologue, énergéticien, magnétiseur, radiesthésiste, analyste interprète de rêves, psycho-énergéticien, musicothérapie énergétique. Stages et ateliers dans le sud-ouest : énergie ressenti et taux vibratoire, communiquer avec la Nature
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